Les proches du jeune militaire tué par Nordahl Lelandais se sont dits "satisfaits" du verdict rendu par la cour d'assises de la Savoie. Au-delà de la peine de 20 ans de prison, ils se félicitent surtout de voir Nordahl Lelandais reconnu comme le meurtrier de leur fils, Arthur Noyer.
"Décrispés" après "tellement d'émotions cette semaine" et "quatre ans sous tension", ils se sont pris dans les bras les uns des autres sur le parvis du palais de justice de Chambéry, une heure après l'énoncé du verdict. Des embrassades pour sceller le moment, "la fin d'une étape", la fin d'un procès de sept jours qui s'est achevé par la condamnation à 20 ans de réclusion criminelle de Nordahl Lelandais.
A l'énoncé de la sentence, vers 23h30, ils faisaient encore et toujours bloc dans la salle d'audience : les parents et le frère d'Arthur Noyer en première ligne, ses grands-parents sur la deuxième, devant trois rangées d'amis et de proches, de "pirates" venus jusque tard dans la nuit entendre de quoi serait fait l'avenir de celui qui leur a retiré Arthur une nuit d'avril 2017.
"On voulait que la société reconnaisse que c'était un meurtre"
20 ans. "Peu importe", réagit Didier Noyer, le père d'Arthur Noyer. "Nous ce qu'on voulait, c'est que la société, que le système, que tout le monde reconnaisse que c'était un meurtre, que notre fils avait été victime", dit-il un sanglot dans la voix. "C'est fait".
"Nous sommes globalement "satisfaits" du jugement, même si le mot est très imparfait", poursuit Didier Noyer. "Le seul regret que j'ai, c'est de ne plus avoir Arthur. Après, la vérité appartient à celui que j'ai toujours appelé l'autre, la vérité il n'y a que lui qui la connaît".
La main tendue à la mère de Nordahl Lelandais, "pour avancer"
Du calme et beaucoup de dignité, c'est ce qui a caractérisé le comportement de la famille d'Arthur Noyer durant tout le procès. Un comportement exemplaire salué aussi bien par Me Alain Jakubowicz que par Nordahl Lelandais lui-même, ému de voir le père du jeune homme qu'il a tué, tendre la main à sa propre mère.
"Le premier jour, nous sommes allés vers Mme Lelandais, le dernier jour elle est venue vers nous", explique Didier Noyer. "On a du se dire des mots, mais c'était des mots qu'on cherche, qu'on ne trouve pas forcément. C'était surtout des regards. Tâchons, chacun de notre côté, d'avancer".
Avancer et refermer définitivement ce chapitre judiciaire. Ils l'espèrent. Et sans doute le pourront-ils, puisque la défense a décidé de ne pas faire appel de la décision. "J'ai trop plaidé pour des familles de victimes pour savoir ce qu'est la souffrance d'un second procès", a indiqué de son côté Me Alain Jakubowicz, l'avocat de Nordahl Lelandais, donc "non, nous ne ferons pas appel".
La défense ne fera pas appel
L'avocat, qui était resté muet devant la presse depuis le début du procès le 3 mai, a tenu sa promesse de s'exprimer devant les journalistes à l'issue du verdict. Il a salué "un beau moment de justice qui est en l'honneur de notre justice", même si l'avocat lyonnais regrette de "ne pas avoir été suivi dans ce que (il a) plaidé". "On a jugé un homme et il a été jugé comme un homme", a ajouté Me Alain Jakubowicz, sous-entendant que Nordahl Lelandais n'avait pas été jugé comme le monstre ou le serial killer "décrit par les médias".
Pour autant, l'ombre de l'affaire Maëlys aura continué de planer sur ce procès, jusqu'au bout. "On sait qui on a défendu, on sait qu'il y a un nouveau procès qui nous attend, on n'est pas des imbéciles, des candides, mais on voulait seulement qu'il soit jugé pour ce qu'il a fait et uniquement ce qu'il a fait", indique le conseil de Nordahl Lelandais.
Il a ensuite longuement invité la presse à réfléchir à sa responsabilité dans ce type d'affaires et à ne pas jeter l'opprobre sur le système judiciaire.
"Avant tout un procès d'assises, c'est un moment d'humanité, un moment de sérénité", a poursuivi Me Alain Jakubowicz. "Et, c'est vrai que les différents acteurs, notamment les membres de la famille Noyer que j'ai salués pendant ma palidoirie parce que ce ne sont pas mes adversaires, ont contribué à montrer ce qu'était réellement la justice".
Quant à la question de savoir si son client était "soulagé", il a répondu qu'il l'était surtout "que ce procès soit terminé". "C'est une épreuve, c'est une épreuve pour tout le monde, c'est un moment de vie, d'humanité, c'est un moment pénible, il fallait qu'il se passe, il est passé. Refermons ce dossier, ayons une pensée pour Arthur Noyer, ce jeune homme qui n'aurait pas dû mourir et qui malheureusement est mort, c'est ainsi, c'est la vie aussi, malheureusement".